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Un cercle d’impunité

Cet été, nous avons été au cœur d’une vague de dénonciation sur les réseaux sociaux. Des milliers de survivants d’agressions sexuelles et de harcèlement ont ainsi pris la parole sur leur plateforme afin de briser le silence. Un silence qui a duré des années pour certains et qui a favorisé l’impunité de ces agresseurs. Un mouvement qui a débuté à Montréal, particulièrement sur Instagram et qui a eu de nombreux impacts. En effet, plusieurs personnalités connues ont vu leur carrière ébranlée par des allégations faites à leur sujet. Nous pouvons penser entre autres à l’animatrice Maripier Morin, le youtubeur Jemcee, le chanteur Bernard Adamus, etc.

Les médias traditionnels ont bien sûr profité de cette occasion pour rappeler à l’ordre tous ceux qui songeraient à dénoncer de cette façon. Ceux-ci jouent un rôle important à l’oppression des victimes d’agressions sexuelles en protégeant les agresseurs.  Plusieurs ont évoqué qu’il existe des tribunaux pour régler ce type de cause et qu’une simple publication peut « détruire » la vie d’un individu, en particulier une personnalité publique. Ce genre de commentaire est tout à fait déplorable et est à proscrire dans ce genre de mouvement socio-juridique. Lors de chaque mouvement, nous pouvons observer un certain nombre d’individus qui discrédite les dénonciations des survivants. Le préjugé concernant les fausses accusations est  répandu et rend la situation des survivants d’autant plus difficile. En effet, certaines personnes semblent davantage préoccupées par les fausses déclarations qu’une personne pourrait émettre que par ces milliers d’agresseurs vivant sans conséquence. Pourtant, les fausses accusations ne représentent que 2%, tous crimes confondus. Ainsi, il serait complètement aberrant de compromettre les 98% de voix qui souhaitent avoir un semblant de justice. C’est à croire que certains préfèrent condamner les survivants que de condamner les agresseurs.

Il y a seulement 5% des crimes sexuels qui sont dénoncés. Ainsi, il est grand temps de se questionner sur le silence des survivants qui représentent  la grande majorité. Tous semblent connaître un survivant d’agression, pourtant personne ne semble connaître d’agresseur. Là est le problème.

Ce mouvement nous rappelle celui de 2017, #MoiAussi. Cet hashtag qui a par ailleurs été utilisé plus de 19 millions de fois sur Twitter sur une période d’un an. Cette vague qui lance un « je n’ai plus peur » et permet à ces hommes et ces femmes de briser le silence et la solitude. 

La prise de parole de ces survivants ne se fait pas sans répercussion. En effet, ceux et celles qui osent briser le silence se font menacer de diffamation, humilier, discréditer, «victim-blaming» et j’en passe . Tout cela rend la dénonciation d’autant plus difficile. En tant que société, il est primordial de se questionner sur le faible nombre d’hommes et de femmes qui portent plainte. Le vague de dénonciation sur les réseaux sociaux peut s’expliquer, entre autres, par le manque de confiance envers le système de justice traditionnel. Notre système judiciaire est loin de favoriser et d’être adapté aux survivants d’agressions. C’est ainsi que les réseaux sociaux apportent une plus grande portée à ces individus qui étaient demeurés dans le silence. Un silence lourd et douloureux, mais c’est assez, il est nécessaire de briser ce cercle d’impunité.

4 réponses sur « Un cercle d’impunité »

Marielle Dessailly est la meilleure écrivaine! Votre contenue est très pertinent et la qualité de votre écriture est très riche.
Sujet très touchant! Je soutien votre thèse!

Si bien écrit, si bien dit ! Je suis totalement d’accord avec tout ce qui a été dit. On parle souvent des désavantages des réseaux sociaux, et le peu de fois que l’on mentionne les avantages, on omet l’aide qu’ils peuvent apporter aux survivant.e.s.

Bonjour chère condisciple
Merci d’avoir mis l’accent sur les victimes d’agression sexuelles .Je suis d’avis avec le fait que ces agressions sexuelles ne doivent pas restées impunies.
Cependant je ne partage pas votre avis sur les dénonciations via les réseaux sociaux. En effet cela va en l’encontre d’un principe juridique fondamental dans une société libre et démocratique :la présomption d’innocence .Toute personne est présumée innocente jusqu’à ce qu’elle soit reconnue coupable par le tribunal .Ainsi En exposant une personne sur les réseaux pour une prétendue agression non encore élucidée par la justice, l’on risquerait de gâcher la vie non pas d’une seule personne mais de toute une famille .Il ne saurait en être autrement pour une personne accusée d’agression sexuelle ,car ce crime est tellement odieux que cette personne (même son entourage )serait soumis à la vindicte populaire avant même de pouvoir bénéficier d’un procès juste et equitable.
Au vue de ce qui précède je reste convaincu que les réseaux sociaux ne sont pas le meilleur moyen pour dénoncer un crime d’agression sexuelle.
Que justice soit faite à toute ces personnes victimes d’agression sexuelle, cela doit pas rester IMPUNI !!!

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