Le 1er octobre dernier, le Québec a tenu des élections provinciales qui ont obtenu un taux de participation de moins de 70 %. La liste électorale compte plus de six millions de personnes, ce qui sous-entend que plus 1 800 000 personnes ne se sont pas rendues aux urnes pour manifester leur appui à l’un ou l’autre des partis politiques inscrits. «Il s’agit d’un des taux de participation les plus bas depuis près de 90 ans», selon un article du journal Le Devoir, publié le 2 octobre. Qu’est-il arrivé au proverbe : « Un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », ou plutôt, quel est le problème avec le Québec?
Nous entendons souvent des excuses telles que le manque de temps, le manque de connaissances sur les différents partis qui se présentent ou tout simplement l’impression que le vote n’aura aucun impact.
Alors, pour ceux qui disent manquer de temps, ce n’est pas une surprise qu’il est possible de voter plus de cinq jours avant la date prévue pour les élections. D’ailleurs, les bureaux de vote offrent un horaire très varié afin d’accommoder monsieur et madame Tout-le-monde. À cela s’ajoute le devoir légal des employeurs de libérer les employés pour leur permettre d’exercer leur droit le jour des élections, en vertu de la Loi sur les normes du travail. En ce qui concerne le manque de connaissances sur les partis, il est plus que facile de se renseigner sur le programme électoral de chaque parti via leur site internet, leurs représentants ou encore plus commun, les débats télévisés. Dans la plupart des cas, il suffit de deux clics.
L’idée selon laquelle le vote n’aurait aucun impact renferme un aspect émotionnel, un sentiment d’impuissance, mais aussi une attitude qui tend vers le pessimisme. C’est une perception erronée du droit de vote. Non seulement les impacts se manifestent dès le lendemain des élections, mais se font également ressentir pendant plusieurs années. À cet effet, le site officiel d’Élections Québec dresse une liste des raisons pour lesquelles les Québécois devraient voter et ce que la renonciation tacite à ce droit représente. Parmi elles, on y retrouve « laisser les autres choisir et décider à votre place ». Le vote est le droit de choisir et il est important de rappeler le fait que les Québécoises se sont battues pour ce droit et ont été les dernières à l’obtenir au Canada, en 1940. Avant elles, des hommes ont donné leur vie pour bénéficier de ce privilège. Si on jette un coup d’œil dans le passé, la démocratie a coûté la tête du roi et, encore aujourd’hui, dans certains pays, les gens continuent à se battre pour un droit qu’ici, certains choisissent délibérément de ne pas exercer.
Le vote est un droit garanti par la Charte canadienne des droits et libertés, ce qui sous-entend que le détenteur peut l’exercer à son gré. Toutefois, il y a un consensus qui tend à le reconnaitre comme étant un devoir moral. Certains pays ont eu l’audace d’en faire un devoir légal, accompagné de conséquences sous forme d’amendes ou de sanctions administratives. Par exemple, en Belgique, le vote est obligatoire en vertu de l’article 62 de leur Constitution et l’amende peut aller jusqu’à 150 euros pour un abstentionniste récidiviste. Au Brésil, la renonciation à celui-ci prive le citoyen du droit d’occuper un poste dans la fonction publique. Beaucoup d’autres pays d’Europe et d’ailleurs ont opté pour des solutions similaires. Selon l’article paru dans le journal Le Devoir, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a investi plus de trois millions de dollars en publicité pour convaincre les gens d’aller voter et, comme les résultats le démontrent, cela n’a pas eu l’effet escompté. Ne serait-il pas le temps d’envisager une approche plus offensive? Il semble que la méthode douce n’est pas efficace, alors pourquoi ne pas essayer d’autres alternatives ? Il existe une multitude de solutions et il est peut-être le temps que l’Assemblée nationale se penche sur la question.
Le droit de vote est non seulement un droit, mais également un pouvoir. Comme nous l’avons souvent entendu, un grand pouvoir s’accompagne de grandes responsabilités. En espérant qu’aux prochaines élections, nous serons plus nombreux à prendre nos responsabilités.
Ruth Bansoba