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Le secteur du cannabis : Bilan de 2019 et à quoi s’attendre en 2020

La légalisation du cannabis au Canada ouvrait la porte à un nouveau marché et à de nombreuses occasions d’affaires pour des entreprises en tout genre au pays. Du côté des États-Unis, plusieurs États avaient légalisé l’usage du cannabis à des fins médicales, et quelques-uns à des fins récréatives. Le potentiel économique du cannabis était particulièrement attrayant pour de nombreux investisseurs canadiens et américains qui ont massivement spéculé.

Entre l’élection de Justin Trudeau en octobre 2015 et la légalisation du cannabis en octobre 2018, plusieurs entreprises de cannabis ont vu croître de manière exponentielle la valeur de leurs actions. À l’aube de la légalisation, l’industrie représentait une capitalisation boursière de plus de 40 milliards de dollars. Si plusieurs investisseurs misaient, non sans risque, sur une hausse importante de la demande dans les années à venir, il faut rappeler que les prévisions mises de l’avant par les médias étaient, pour leur part, plutôt optimistes.

Bilan de 2019

Le secteur du cannabis n’a pas suscité le même engouement à la Bourse de New York en 2019. Le 30 décembre dernier, Canopy Growth – le principal producteur de cannabis au pays – s’affichait en baisse d’environ 30%, Tilray de 78%, Cronos Group de 26% alors que le prix de l’action d’Aurora Cannabis a été divisé par plus de 50%. Elles enregistraient toutes néanmoins une augmentation d’environ 10% pour la dernière journée de l’année, a relevé La Presse.

Plusieurs facteurs permettraient d’expliquer cette baisse importante. L’ouverture des points de vente fut plutôt lente dans l’année suivant la légalisation du cannabis. Sans compter qu’au cours des mois suivant cette légalisation, une pénurie de cannabis s’est généralisée au pays. À ce jour, même si les entreprises de cannabis disposent de services de vente en ligne, le nombre de points de vente se retrouve bien en dessous des objectifs escomptés. « Nous situons notre chiffre magique à 1 magasin pour 10 000 habitants dans tout le pays », précise Adam Greenblatt, porte-parole de Canopy Growth au Québec.

En raison du prix élevé du cannabis licite, il était plus difficile de faire concurrence au marché noir. Statistique Canada estime qu’au cours du premier trimestre de 2019, 38% des consommateurs déclaraient obtenir du cannabis de sources illégales comparativement à 51% au cours de la même période en 2018, soit lorsque la consommation de cannabis à des fins récréatives n’était pas encore légalisée.

La légalisation du cannabis n’a pas, non plus, entraîné une hausse importante du nombre de consommateurs. « Tout le monde s’attendait à une augmentation exponentielle des ventes, mais cela ne s’est pas matérialisé parce que les gens n’ont pas commencé à fumer aussi fréquemment que ce qu’on prévoyait », a relevé Michael Rodenburgh, responsable des stratégies pour le marché du cannabis au groupe de recherche Ipsos. L’Enquête Nationale sur le Cannabis (ENC) a répertorié que le nombre de Canadiens de 15 ans et plus ayant consommé du cannabis au cours du deuxième trimestre de 2019 était de 16,1% comparativement à 15,6% lors du deuxième trimestre de 2018. Cette enquête démontre que le nombre de consommateurs est resté relativement constant depuis la légalisation du cannabis.

Qu’en est-il pour 2020?

Au Canada, les produits à base de cannabis, aussi appelés le « marché du cannabis 2.0 », fourniront une nouvelle source de revenus aux entreprises de cannabis. Bien que la législation soit en vigueur depuis le 17 octobre, la vente légale de cannabis comestible a commencé dès la mi-décembre au pays, à l’exception du Québec, qui pour des raisons de logistiques, a reporté cette date au 2 janvier 2020. Les principales entreprises de cannabis, dont Canopy Growth et Tilray, ont investi massivement dans ce nouveau marché. Néanmoins, certains analystes de l’industrie prétendent que ces produits ne sont pas susceptibles de provoquer l’enthousiasme escompté auprès des consommateurs.

Parallèlement, aux États-Unis, le Comité judiciaire de la Chambre des représentants a approuvé le nouveau projet de loi sur le cannabis à la mi-novembre 2019. S’il était adopté en 2020 par le Sénat américain, il entraînerait la dépénalisation de la consommation de cannabis aux États-Unis. Pour l’instant, au fédéral, le cannabis demeure illégal, classé par la Loi sur les substances contrôlées comme une drogue dangereuse de « l’annexe I ». L’élection présidentielle en novembre 2020 et les référendums sur la légalisation du cannabis auront nécessairement un rôle important à jouer sur l’avenir de l’industrie.

Enfin, plusieurs analystes de l’industrie estiment qu’il est impossible de déterminer dans quelle mesure la progression législative aux États-Unis ou dans certains pays d’Europe influenceront les entreprises de cannabis. En effet, investir dans une industrie émergente n’est pas à l’abris des incertitudes. Des facteurs politiques, économiques et sociaux entourant l’évolution de cette industrie demeurent encore méconnus.

Par Juliane Simon

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