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Le féminisme et la discrimination positive

Dans une société caractérisée par le libéralisme et l’égalité des chances pour tous, la discrimination positive ne trouvera pas de grand adversaire, surtout lorsqu’il s’agit d’un domaine largement caractérisé par les hommes, dans la mesure où ce domaine était réservé à ce sexe. À compétence égale et expérience égale, on avantagera la candidature féminine au détriment de celle masculine, pour rééquilibrer les injustices subies dans le passé. Ce mode de discrimination justifié par l’article 15 (2) de la Charte canadienne des droits et libertés est soutenu par une large majorité de féministes. En effet, le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d’abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée. Moi-même je trouve important de favoriser, non pas forcer, les candidatures de l’autre sexe pour ainsi promouvoir la diversité des opinions dans le même domaine.

Ainsi, comme démontre le tableau sur la proportion des emplois occupés selon la catégorie professionnelle et selon le sexe[1], on devrait favoriser les candidatures féminines surtout dans les domaines des transports et de la machinerie. L’on peut facilement venir à la conclusion que le milieu de travail plus masculin et la difficulté des femmes d’intégrer ce genre de métier est la raison pour laquelle la discrimination positive prend tout son sens.

En remplissant ma demande de stage pour le Barreau auprès du D.P.C.P., j’ai vu cet énoncé d’accès à l’emploi :

« Le gouvernement du Québec s’est engagé à fournir à tous les citoyens une chance égale d’obtenir un emploi dans la fonction publique et à prendre les mesures nécessaires pour que tous contribuent au développement de la société québécoise. Par conséquent, des mesures sont mises de l’avant pour assurer une juste représentation des femmes, des personnes handicapées, des anglophones, des autochtones et des membres de communautés culturelles. Afin d’avoir la possibilité de bénéficier de ces mesures, vous devez remplir cette section. Les renseignements inscrits seront utilisés lors de votre nomination à un emploi. »

Bien qu’au fond de moi je trouvais décevant que ma candidature soit dévalorisée parce que je suis un homme blanc francophone non-handicapé, je me disais que la cause en valait la peine, qu’il fallait faire un effort collectif afin d’améliorer la présence de ces personnes au sein de la fonction publique et particulièrement au-sein du D.P.C.P. Mais je me demandais, dans la multitude de personnes ayant un avantage dans leurs candidatures, les femmes devraient-elles posséder ce genre de discrimination positive?

Qu’un homme blanc remette en question la légitimité de la discrimination positive pourrait passer pour de la misogynie et je deviendrais un être sulfureux, comme certains chroniqueurs, mais avant de me lancer des roches, je vous invite à regarder les chiffres;

En 2007 lors de la création du D.P.C.P., l’organisme comptait 700 employés[2]. Déjà à l’époque, 52% du personnel était des femmes. Ce pourcentage ne comprenait pas les emplois administratifs, mais uniquement les emplois de procureurs (procureures, procureures en chef adjointes et procureures en chef).

En 2017 le D.P.C.P., compte maintenant plus de 1100 employés. Le pourcentage de procureurs femmes est passé à 67%. 

Il est tout à fait concevable que le nombre de procureurs de sexe féminin continue d’augmenter, considérant que le pourcentage de femmes avocates continue d’augmenter.

En effet, tel que démontré dans le tableau du barreau-mètre en 2013, les femmes constituent une majorité des nouveaux avocats qui entrent sur le marché du travail. Il est normal que le nombre de procureurs féminins continue d’augmenter. Cependant, je trouve déplorable qu’on continue de favoriser, à compétence et expérience égale, un sexe qui constitue 67% de tous les procureurs, et qui risque d’augmenter considérant le nombre de candidature au baccalauréat. Qu’il y ait plus de femmes comme procureur est une excellente chose dans une société libre et démocratique, car cette statistique représente belle et bien l’émancipation et la recherche de l’égalité réelle des chances. Toutefois, ne devrait-on pas maintenant, au nom de l’égalité des sexes, ne plus favoriser les femmes, considérant que l’égalité dans ce domaine est atteinte.

Serait-ce misogyne d’entrevoir cette possibilité ?

Par Tommy Lagacé


[1] « Emplois-occupes-selon-categorie-professionnelle.png (600×313) », en ligne :  <https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/images/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/scolarite-emploi-revenu/emplois-occupes-selon-categorie-professionnelle.png> (consulté le 10 mars 2020).

[2] Directeur des poursuites criminelles et pénales, « Le DPCP en chiffres » (31 octobre 2017), consulté à « http://www.dpcp.gouv.qc.ca/ressources/pdf/Capsules_10e/2017/Capsule10ans_SIF_42_vfr.pdf ».

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