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Le droit animalier dans votre panier d’épicerie

Lorsque l’on parle de droit des animaux, je suis certaine que vous viennent en tête les classiques exemples de l’industrie de la fourrure, des produits testés sur les animaux, de la chasse à la baleine, des corridas et du braconnage. Cependant, hebdomadairement, chacun d’entre nous est confronté à un point chaud dans le domaine de la protection des animaux. En effet, dès que vous vous emparez d’un panier d’épicerie et commencez à le remplir au fil des allées, vous faites, sans toujours le savoir, des choix très politiques et beaucoup plus liés au droit qu’on peut le penser.

Bon, celui qui vient facilement en tête est le cas de la viande, qui, même si on l’oublie parfois, revient tout de même souvent au choix d’encourager entre autres des abattoirs de masse, l’isolement de milliers de bêtes et la séparation de petits de leurs parents. Bien sûr, cet article pourrait être bien simple et vouloir vous présenter, par des exemples choquants, les ravages que cause l’industrie de la viande sur les droits des animaux, mais de plus en plus, nous en sommes tous un peu conscients.

Je souhaite plutôt vous encourager à vous poser des questions en achetant votre nourriture et à réfléchir aux répercussions que ces achats impliquent. Je souhaite donc vous parler de certains exemples plus évidents, mais aussi de ces aliments un peu plus cachés qui touchent aux droits des animaux sans même qu’on le sache.

Si, à la fin de cet article, vous décidez de passer cinq minutes de plus à l’épicerie pour observer certaines étiquettes, mon objectif sera rempli.

Les œufs

Quand on me parle de production d’œufs, j’ai en tête des images de la ferme de mon oncle où leurs quelques poules fournissaient des œufs frais que nous pouvions aller ramasser le matin. J’étais bien émerveillée de chercher ces œufs comme des trésors à travers la paille. Mis à part ces quelques œufs de sa ferme, j’ai par contre grandi avec les œufs de l’épicerie. Vous savez, ces boîtes grises de 12 œufs pour moins de 2$. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi une telle aubaine? Cela réside dans le mode de production. En effet, ces œufs «ordinaires» sont les moins chers à produire. Dans un grand bâtiment, plusieurs (très) petites cages se côtoient dans chacune desquelles au moins une demi-dizaine de poules se retrouvent enfermées ensemble. Elles n’ont pas de place pour voler, se percher ou former des nids, éléments qui sont caractéristiques aux poules. Une « bonne » nouvelle est que, d’ici une vingtaine d’années, les normes de base changeront afin que les cages permettent aux poules d’adopter ces comportements naturels. Ah, et ces poules ne verront probablement jamais la lumière du jour. Tout comme, étonnement, les poules dites « en liberté ». Si, comme moi, vous vous disiez que ces pondeuses bénéficiaient d’une liberté totale, détrompez-vous. En effet, ces poules ne verront probablement pas plus la lumière du jour. La seule différence est qu’elles sont en liberté à l’intérieur d’un bâtiment ce qui leur permet de bouger, voler, nidifier et se percher. Si l’on veut des œufs de poules qui vont à l’extérieur, il faudra se tourner vers les œufs de poules élevées en parcours libre, ou encore mieux, les œufs biologiques. Pourquoi le bio dans ce cas? En fait, puisque ce type d’agriculture est règlementé par les Normes canadiennes biologiques, il est facile, à leur lecture, de voir dans quelles conditions la production doit être faite. Dans le cas des poules pondeuses, il est notamment spécifié qu’elles devront passer au moins le 1/3 de leur vie à l’extérieur. Il s’agit d’une appellation digne de confiance puisqu’elle est légalement contrôlée.

Les poissons et fruits de mer

Pour ce qui est des poissons, le mot à garder en tête est écocertification. Ce n’est plus un secret : nos océans sont mal en point, car des pratiques peu durables continuent encore de suivre leur cours. Et vous seriez surpris de découvrir toutes les espèces en danger. Ainsi, on réduit les quotas, mais on continue de permettre leur pêche. Même au-delà des espèces menacées, les techniques de pêche industrielle sont souvent très dommageables : afin de récolter une espèce en particulier, on en atteint des dizaines d’autres, tout en détruisant des fonds marins par le raclement qui s’y fait. Ainsi, mon conseil est simpliste : si vous aimez l’océan et souhaitez le protéger d’une manière simple, cessez de consommer ses habitants. Pour ceux qui me trouveraient un peu trop drastique, j’en reviens aux écocertifications. S’il ne s’agit de rien d’absolu, il s’agit d’une option « moins pire » qui vous permet de savoir que le poisson que vous achetez provient de sources durables. Je vous invite à consulter le site web de la MAPAQ afin d’en savoir plus sur les certifications ou de poser directement la question à votre poissonnier-ère. Lorsque l’on voit un filet de poisson bien paré, il peut être facile d’oublier d’où il provient, alors ces autocollants et différentes certifications permettent de nous replacer dans le contexte et de rester à l’affût.

Les petits gâteaux

Cette catégorie est probablement la plus vicieuse de toutes. En fait, elle englobe la plupart des produits transformés. Leur point commun? L’huile de palme. Peut-être en avez-vous même déjà entendu parler. Brièvement, cette huile provient d’un type de palmier qui ne pousse naturellement que dans certaines régions précises comme l’Indonésie. À la base et dans un contexte hors industrie de masse, cette huile est utilisée localement et a un rendement très intéressant sur le plan de l’environnement, bien plus que d’autres huiles. Cependant, ces dernières années, la demande a explosé et le nombre de producteurs aussi. La meilleure façon de pourvoir à la demande a été, et est encore, de brûler des superficies inimaginables de forêt tropicale afin de transformer ces nouveaux espaces vierges en monocultures de masse. Si cela présente plusieurs problèmes, nous nous pencherons ici sur celui des animaux. En effet, l’emblème de cet enjeu est l’orang-outan de Sumatra ou Pongo abelii de son nom latin. À Sumatra, grande île indonésienne, la production d’huile de palme est particulièrement intense et la forêt, énormément touchée. Si bien qu’en cent ans, 90% de la population de Pongo abelii a disparu. Aujourd’hui, la Liste Rouge de L’UICN classe cette espèce en danger critique d’extinction, soit le dernier niveau de menace possible avant l’extinction. De plus, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) classe cette espèce dans son Annexe I, qui regroupe les espèces menacées qui pourraient être affectées par le commerce*. Si on retourne à l’huile de palme, le grand problème est qu’elle se trouve partout. Ainsi, la solution est d’acheter moins de produits transformés et de surtout surveiller les étiquettes afin de détecter la présence de l’huile de palme, l’huile de palmiste ou tous leurs dérivés afin de les éviter.

*La Liste Rouge et la CITES seront le cœur de notre prochain article où vous pourrez les découvrir plus en détails!

Les pailles, sacs de plastique et produits emballés individuellement

Voilà un point sur lequel il me fallait m’arrêter. On n’y pense peut-être pas toujours en faisant nos emplettes, mais chaque produit emballé dans du plastique constitue un risque pour les animaux, surtout marins. En effet, même en étant un bon joueur mondial du côté de la récupération, le Québec ne recycle que 36% du plastique qu’il produit… En faisant le calcul rapidement, c’est 64% de notre plastique qui se retrouve dans les sites d’enfouissement ou les milieux naturels. Ainsi, en achetant ces produits, il est pertinent de se demander si on a vraiment besoin de ce sac de plastique pour transporter nos bananes jusqu’à la caisse (une fois dans l’eau, ces sacs peuvent être confondus avec des méduses et ainsi être consommés par des animaux), si on a besoin de ces petites boîtes de jus avec pailles, de toutes ces petites portions de compotes et de yogourt. Après tout, un contenant en verre lavable fait tout aussi bien l’affaire et ne demande qu’un total de trois minutes de préparation de plus, lavage à la main inclus!

Bonus : Guimauves et gummy bears

Ces deux aliments ont un point commun : ils contiennent de la gélatine. Je trouvais intéressant de les mentionner puisque parfois, on oublie, mais rien de ce qui contient de la gélatine n’est végétarien. En effet, cet ingrédient est obtenu grâce aux os, peaux, cartilages et muscles d’animaux. Ainsi, gardez l’œil ouvert si vous ne souhaitez pas en consommer et tournez-vous vers les friandises qui misent plutôt sur l’agar-agar ou d’autres agents gélifiants d’origine végétale.

Voilà! Il y aurait certes plusieurs autres aliments à analyser, mais j’espère que cet article aura au moins piqué votre curiosité et que vous le garderez en tête lors de votre prochaine épicerie.

Camille

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