Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’ai envie de vous partager une courte anecdote : il y a quelques années, j’ai fait appel à une couturière pour créer une robe sur mesure pour un événement. Lorsque celle-ci a pris mes mesures, elle s’est rendu compte que le haut de mon corps est quelque peu disproportionné par sa longueur, contrairement à mes jambes. Elle a donc dû adapter son patron en conséquence. Donc toi, ton crop top, c’est un chandail court. Pour moi, le crop top, c’est une brassière longue, tu comprends? Bref, cher.e.s lecteur.trice.s, ces dernières lignes se voulaient probantes pour le point suivant : j’ai de plus en plus un malaise avec l’industrie de la mode féminine.
J’ai l’impression que plus les années avancent, plus les hauts comme les bas rapetissent. Plus les années avancent, moins l’offre de vêtements XXL, 3 XL et etc. est célébrée. Plus les années avancent, plus on honore le décolleté chez les préadolescentes. Plus les années avancent, plus les vêtements féminins sont transparents, minces et ajustés. Plus les années avancent, plus, en tant que femme, je dois me dévoiler. Et ne vous méprenez pas, je n’ai absolument rien contre ceux et celles qui portent des crop tops. J’aimerais simplement que tout le monde s’y trouve. Que peu importe ce que tu veux porter, que ce soit du court ou du moins court, que tu puisses le faire et ce, peu importe la forme de ton corps. J’ai envie qu’on nous présente plus de diversité et que notre notion du choix soit plus libre que celle qui nous est offerte. Parce qu’on va se le dire, ce n’est pas chaud l’hiver un chandail de laine cropped!
Blague à part, c’est à ce moment-là que je me suis demandé… pourquoi? Pourquoi l’industrie des vêtements qui cible davantage une clientèle féminine cherche tant à ce que la femme se dévoile? J’en suis venue à une réponse que je vous présente ici : l’hypersexualisation du corps de la femme dans notre société.
Remontons aux sources. Au Québec, comme le souligne Francine Duquet, Professeure au département de sexologie de l’UQÀM, « [l]a révolution sexuelle des années 60 a permis le passage d’une sexualité-péché à une sexualité-plaisir, mais la publicité et les médias ont aussi contribué à sa commercialisation indue ». Comme elle le mentionne, le corps de la femme, mais aussi celui de l’homme, constitue un véritable produit utilisé par les compagnies pour notamment, vendre des boissons alcoolisées. En plus de ces publicités omniprésentes, on assiste à l’immense popularité des téléréalités, les OD de ce monde, qui prônent la séduction sexuelle et qui, depuis son existence, célèbrent que très rarement la diversité corporelle. Cerise sur le gâteau que j’ai abordé plus tôt : le monde de la mode. De la publicité Facebook aux magazines, les filles, dès leur jeune âge, sont appelées à prioriser à leur apparence physique par l’entremise du maquillage et des vêtements et maintenant, elles sont appelées à sexualiser leur corps et à glorifier la précocité sexuelle.
Dans un article de Sarah Winkel, une maman s’interroge sur la différence des vêtements pour enfants, ceux qui ciblent les jeunes garçons et ceux qui ciblent les jeunes filles. Elle remarque que les vêtements ciblant une clientèle davantage masculine sont plus longs et misent en outre le confort et l’efficacité. Les vêtements qui ciblent davantage une clientèle féminine sont courts et ajustés. Tel que mentionné dans l’article de Winkel, « Pour la jeune maman, le message envoyé par ces vêtements est clair: « Les filles sont censées s’habiller pour montrer leur corps et être mince. Les garçons pour être actifs et jouer ». »
Selon Mariette Julien, professeure de mode et spécialiste de l’hypersexualisation, l’hypersexualisation de la fillette et de la préadolescente a des répercussions sur toute la société. « [E]lle décrit la forte pression médiatique exercée sur les jeunes filles par les images qui réduisent une personne à son attrait sexuel […]: « En adoptant cette mode, les adolescentes ont “rajeuni” la norme. Ça influence les femmes de tous âges. » Toutes sont fragilisées par la mode sexy qui dévoile et moule leur anatomie. « Le corps devient un objet de rénovation à vie, une forme à remettre inlassablement au goût du jour. On ne demande plus simplement aux femmes d’être belles, elles doivent annoncer le plaisir sexuel et prouver leur force d’attraction sexuelle. »
Le corps si beau de la femme, autrefois source d’art sculptural et de peinture pour les grecs et les romains, est maintenant presqu’une viande qui devrait poursuivre des buts autres que le développement et le bonheur personnel.
Si j’avais un mot à dire aux compagnies qui ciblent une clientèle féminine, particulièrement celles qui visent les jeunes filles, ce serait de promouvoir le bien-être. Le bien-être se traduit pour plusieurs personnes en des vêtements courts. Et je ne juge pas ça. J’aimerais juste que les filles qui préfèrent les vêtements longs et celles qui ont un corps qui n’entre pas dans le spectre des tailles x-small à x-large puissent se sentir belles elles aussi. S’habiller est un mode de communication tellement important, tant pour démontrer sa personnalité, que pour établir son identité, que pour se sentir valorisé.e…
Le sexe, c’est bien, mais as-tu déjà trippé sur toi? Ça, ça l’est encore plus.
Une réponse sur « Le corps de la femme: un objet de vente à caractère sexuel? »
Merci pour ce post sur le sujet du corps des femmes en tant qu’objets sexuels à vendre. Ma sœur est allée dans une boutique érotique pour femmes et a vraiment apprécié les belles photos de femmes dans le magasin. Il est bon de savoir que l’industrie de l’habillement, en particulier, gagne de l’argent grâce à l’objectivation du corps des femmes.