« This is fake news! ». Combien de fois avons-nous entendu ces mots sortir de la bouche du président Trump ? Et malgré le fait qu’il semble s’insurger contre ces fausses nouvelles, ces dernières semblent largement le favoriser la plupart du temps. C’est donc en lisant sur le sujet des fausses nouvelles que j’en suis arrivée à me poser la question : la démocratie est-elle aux mains des réseaux sociaux ? J’ai donc fait une courte recherche sur la gestion des pages de réseaux sociaux ainsi que le bénéfice à retirer de la publication de fausses nouvelles. C’est donc à partir de cette recherche que j’en suis arrivée à l’impact de celles-ci sur les élections en général, mais surtout sur les élections de mi-mandat aux États-Unis ayant eu lieu mardi, le 6 novembre 2018.
Donc, quelles sont ces fameuses « fausses nouvelles » ?! Ce sont des informations souvent sensationnelles diffusées sous le couvert de reportages. Diffuser des nouvelles sensationnalistes sur les réseaux sociaux et les faire passer pour de vraies nouvelles est très simple. Il faut d’abord créer un site web avec un nom de domaine qui semble légitime au citoyen moyen. Ensuite, il suffit de « copier-coller » les manchettes de sites web d’extrême droite et d’acheter ou créer une page où les histoires sont diffusées. Naturellement, par les « clics » des gens, les nouvelles sensationnelles génèrent de la publicité et, conséquemment, de l’argent.
Dans un reportage en Macédoine, la chaine de nouvelles numérique AJ+ reporte que le petit pays au Nord de la Grèce a un taux de chômage élevé et une jeunesse croissante qui cherche à profiter de la naïveté des Américains. En effet, il y a un énorme profit à faire dans la diffusion de fausses nouvelles. De plus, les gens derrière les pages de réseaux sociaux ne sont pas les seuls à profiter des fausses nouvelles. D’ailleurs, dans le documentaire, on fait la rencontre d’un dénommé Boris, dont le nom est changé afin d’éviter des problèmes avec les autorités américaines. Il dévoile qu’il a appris à maitriser les réseaux sociaux afin de manipuler les utilisateurs. De plus, il allègue que Facebook est au courant que les gens utilisent la plateforme afin de manœuvrer les élections. Le plus intriguant dans toute cette histoire est que la population macédonienne reconnait qu’il n’y a rien d’éthique dans cette façon d’obtenir du revenu, mais il s’agit d’une pratique légale en Macédoine, alors ils estiment que rien ne les empêche de le faire.
On se souviendra des allégations que les Russes avaient faussé les élections de 2016 par lesquelles le président Trump a été élu. Ce sont maintenant les élections de mi-mandat par lesquelles la population a l’opportunité de forcer le changement dans l’agenda politique. Effectivement, ces élections sont toutes aussi importantes que les autres, étant donné que ce sont 435 sièges à la Chambre des députés qui sont vacants ainsi qu’environ le tiers des sièges des sénateurs. En mettant au pouvoir une majorité de députés démocrates, le gouvernement républicain ne pourra plus prendre des décisions concernant la vie des Américains aussi facilement. Or, cette fin de semaine, un article de Radio-Canada nous apprenait que la plateforme Twitter a dû supprimer environ 10 000 comptes répandant de fausses nouvelles. De plus, alors qu’on ne connait pas l’identité des gens derrière ces comptes, il semblerait que ce sont des gens aux États-Unis, et non hors des frontières du pays. Fait intéressant et qui porte à réfléchir : le documentaire produit par AJ+, dont il est question plus haut, nous informe également que des journalistes américains indépendants ont été engagé par des Macédoniens préalablement au scrutin de 2016 afin de les aider dans leur escroquerie.
Toutes ces informations m’ont laissée perplexe par rapport à deux choses : devrait-on s’inquiéter de nos élections et de la véracité des faits qui nous sont présentés et à qui incombe la responsabilité d’agir pour enrayer le problème ? Premièrement, aucune preuve concrète ne démontre que nos voisins du Sud sont plus dupes que nous le sommes. Tant que cette preuve n’aura pas été faite, il y a lieu de s’inquiéter que notre population se fait manipuler par des étrangers lors d’élections fédérales et provinciales. En ce qui concerne la responsabilité, je crois que c’est à tout le monde de faire sa part. Alors que mon premier réflexe était de regarder si les Nations Unies s’étaient prononcées sur le sujet via une résolution émanant du Conseil de Sécurité ou de l’Assemblée Générale, après mûre réflexion, j’arrive à une conclusion différente. En effet, selon moi, il appartient au gouvernement de chaque État d’assurer la sécurité en ligne par l’intermédiaire de lois plus strictes. Il incombe aussi aux dirigeants de réseaux sociaux d’être plus au courant et de surveiller de près les pages suspectes. Enfin, il est de la responsabilité de l’individu de vérifier la véracité des faits publiés avant de formuler une opinion sur quelque candidat que ce soit.
Par Sandra Zaki
Rédactrice adjointe