CHRONIQUE EN DROIT DES AFFAIRES

Les derniers mois ont été extrêmement difficiles pour l’industrie pétrolière. Nous avons assisté à une chute de plus de 30$ du prix du baril depuis mai 2015. Au moment où j’écris ces mots, il rode autour des 32$, soit 70% de moins qu’à l’été 2014.
Malgré les réjouissances des environnementalistes, il y a lieu de se demander quels sont les effets de cette chute de prix sur l’économie canadienne.
Évidemment, les économies reposant lourdement sur la production pétrolière seront les plus affectées. Vous vous doutez que cela constitue un scénario catastrophique pour l’Alberta. Cette province a vu la perte de 10 000 emplois durant le mois de janvier et son taux de chômage atteindre 7,4%, soit le plus haut taux depuis une vingtaine d’années. La Saskatchewan ainsi que Terre-Neuve et Labrador sont également touchées, bien qu’à une moindre ampleur. Différents médias ont couvert des histoires concernant des travailleurs de l’industrie désespérés. En effet, plusieurs d’entre eux n’étaient tout simplement pas prêts à faire face à une situation du genre, surtout pendant une période prolongée. Il y a lieu de se demander si les gouvernements ne pourraient pas trouver le moyen de rediriger le capital humain vers le secteur de l’énergie renouvelable.
Cela dit, nous assistons présentement à une transition économique de l’ouest vers l’est, où les provinces qui dépendent moins du secteur de l’énergie sont revigorées et où les taux de chômages sont demeurés relativement stables.
Les gouvernements sont également perdants dans cette histoire étant données les hausses de prestations d’assurance-chômage, dans le cas du gouvernement fédéral, et les pertes de revenus d’impôts. L’Alberta a déjà annoncé des coupures budgétaires et la Saskatchewan et Terre-Neuve ont annoncé des déficits.
Bien sûr, chaque médaille possède une deuxième face. Inévitablement, certains bénéficieront des bas prix du pétrole. L’industrie automobile profite grandement de la situation actuelle. Le Canada a vu ses ventes de véhicules battre un record pour la troisième année consécutive avec 1,898 millions d’unités vendues. Les ventes de camions légers (fourgonnettes et VUS inclus) ont augmenté de 8,8% comparativement à 2014 tandis que les ventes de voitures ont chuté de 6,3% pour cette même période. Cela fait foi du sentiment des consommateurs envers le prix de l’essence, ceux-ci ayant bénéficié de prix à la pompe nous ramenant plusieurs années en arrière.
Les autres grands gagnants sont les compagnies aériennes et nos snowbirds. On parle ici d’économies de quelques 89$ milliards à l’échelle mondiale par les compagnies aériennes, une partie de ces économies ayant bien sûr été passée au consommateur. À titre d’exemple, les profits de WestJet ont augmenté de 19%.
En conclusion, nous pouvons apprécier, par l’exemple du pétrole, à quel point le prix de certaines commodités peut avoir un impact énorme sur l’économie. Que vous soyez du côté gagnant ou perdant de cette fluctuation, il y a lieu de se demander quelles mesures pourraient être mises en place pour minimiser les impacts négatifs d’une telle chute de prix.
