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#JusticePourJoyce

Une entrevue avec Maude Grégoire, étudiante autochtone à la faculté de droit civil

La mort de Joyce Echaquan a bouleversé le Québec et le Canada en entier. Ce triste évènement est plus que seulement ça; c’est un crime de haine qui représente une pandémie de racisme cachée dans la culture québécoise. 

En parcourant mon fil d’actualité sur les réseaux sociaux cette semaine, je suis tombé sur les publications de Maude Grégoire au sujet de la mort de Mme Echaquan. Maude est une étudiante en droit civil à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa et ses paroles m’ont touché; « J’aurais pu être Joyce, ma mère aurait pu être Joyce, mes sœurs auraient pu être Joyce, ma meilleure amie aurait pu être Joyce, n’importe qui d’entre vous auriez pu être Joyce et je ne souhaite à personne le sort qui lui a été réservé, pas même à ses auteurs. »

J’ai décidé de la contacter pour pouvoir lui demander quelques questions.

Q: Premièrement Mme Grégoire, croyez-vous que le niveau de choc suivant la mort de Mme Echaquan aurait été le même sans vidéo et sans les médias sociaux? 

R: Il n’aurait absolument pas été le même, sans la vidéo du direct sur Facebook nous n’aurions même pas entendu parler de son cas.

Q: Pourquoi pensez-vous que les gens sont encore surpris d’entendre que le racisme systémique existe, surtout dans le système de santé québécois? Que diriez-vous au Premier ministre François Legault qui a dit dans le passé que ce racisme systémique n’existait pas?

R: Parce que justement il n’y a jamais eu de preuve aussi tacite que le cas de Joyce Echaquan de ce racisme systémique, nous ne sommes pas entendus lors de nos plaintes sans preuves, quand nous avons seulement notre parole contre celle des policiers, du personnel médical, sans vidéo pour appuyer nos dénonciations. Nos histoires d’abus sont poussées sous le tapis et cachées, comme si elles n’existaient pas. Il y a seulement des commissions d’enquête pour calmer la société et pour s’assurer que le gouvernement ne perdre pas la face mais c’est tout; seuls des rapports classés sur une étagère et rien de concret n’est fait.

Q: Il y a un an, le rapport de la Commission Viens a été déposé à l’Assemblée nationale. Pensez-vous que la ministre des affaires autochtones du Québec Sylvie d’Amours en a fait assez pour mettre en œuvre les suggestions mentionnées dans le rapport?

R: Clairement non, ce cas ne serait pas arrivé s’il y avait eu de réelles actions.

Q: Quel rôle joue l’éducation dans le combat contre le racisme au Québec? Quels changements pourrions-nous apporter à cette éducation?

R: Pour commencer, des cours d’histoire du Québec et du Canada adéquats qui reflètent la réalité autochtone expliquée en long et en large; un cours obligatoire, tout au long du primaire et secondaire, sur les nations autochtones qui présente les communautés, les traditions, les conditions de vie, les particularités d’être autochtone (au niveau fiscal, au niveau de la propriété, des biens). Pour que la désinformation cesse, que les préjugés et les idées préconçues soient décortiqués et expliqués, souvent c’est l’inconnu et le manque d’information qui nous effraie. À force de parler de nous et de nous faire connaître, le sujet va devenir normal nous allons être encrés dans l’âme des gens. C’est un peu comme avoir des cours de math tout au long du primaire un jour on connaît les règles, l’utilité du cours, on devient habitué de travailler avec les chiffres, c’est peut-être une solution extrême mais en même temps pour des situations extrêmes comme celle de Joyce et toutes les autres personnes autochtones disparues sans justice, je crois qu’il faut une mesure extrême pour éradiquer le problème.

Q: Certains disent que nous pouvons bien tenter d’éduquer les jeunes québécois et québécoises qui sont encore à l’école, mais comment pouvons-nous éduquer les québécois et québécoises qui ne le sont plus?

R: Utiliser le plus possible des moyens de communication afin de rejoindre les gens; la télévision, les réseaux sociaux, ce qui a le plus de visibilité. Créer des émissions sur la réalité autochtone sur des chaînes de grande écoute, des émissions radio sur des ondes écouté. Obliger les gens à nous connaître, à nous démystifier, les habituer à notre présence, à nos différences comme j’ai expliqué pour les cours aux primaires : plus que les gens entendront parler de nous, plus ce cela deviendra une habitude. Je vois ça un peu comme le débat à caractère féminisme sur les seins nus en public, à mon avis c’est l’être humain par ses habitudes qui a sexualisé les seins, donc pour l’humain cette partie du corps outre pour que pour allaiter elle reliés à la sexualité et je suis d’avis que si on détruit ce construit, sous peu, la vue d’un torse nus de femme deviendrait l’égal du torse nu d’homme. Ce que l’humain construit, l’humain peut défaire. Le racisme provient de l’humain donc à mon avis avec de l’information il y moyen de changer les choses. Pour évoluer il faut de l’information et y être souvent exposé.

Q: Une influenceuse autochtone, Elisapie Isaac, a dit sur son compte Instagram que des changements au niveau de la représentation des peuples autochtones devraient être apportés aux films et aux séries québécoises, pour améliorer cette représentation. Quel rôle joue celle-ci dans le combat contre le racisme selon vous?

R: Évidemment, il y a eu des rôles avec des Autochtones comme dans la télésérie fugueuse où la représentation autochtone était une fille prostituée et droguée ce qui n’était pas flatteur. Je crois qu’il faut montrer tous les côtés de la médaille, autant les étudiants comme moi qui ont réussi à étudier en droit ou tout autre domaine que les gens qui ne l’ont pas; montrer le bon et le moins flatteur de manière balancée.  

Q: En terminant, est-ce qu’il y a une chose que vous nous suggéreriez de faire dans notre vie de tous les jours pour montrer notre support envers les peuples autochtones et surtout les femmes autochtones?

R: Pratiquer la tolérance pour que cette situation ne se reproduise plus, car avec de la tolérance le personnel médical aurait pu traiter Joyce comme un être humain. Sans vouloir manquer de respect à la mémoire de Mme Echaquan, mon animal à subit un meilleur traitement chez le vétérinaire lors d’une opération, que Joyce a pu recevoir à l’hôpital de Joliette, elle a définitivement a été traiter de la manière la plus inhumaine qui existe.

Q: Si tu as quelque chose que tu aimerais rajouter, sens-toi bien libre. 

R: Pour conclure, je suis d’avis qu’une partie du problème vient aussi de l’intérieur des communautés; d’un côté il faut habituer la population canadienne et québécoise à nous, à notre présence, à nos habitudes et de notre côté il faut continuer de prendre notre place dans la société et être encore plus vu et connu. 

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