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Droit des affaires

Et si le plafond de verre était plus près de nous toutes que nous l’imaginons ?

« Le plafond de verre que je croyais brisé était en fait bien plus près de moi que je ne l’aurais jamais cru. »

CHRONIQUE EN DROIT DES AFFAIRES

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Elise Veillette adauo.civil@gmail.com

Je dois avouer que je ne me suis jamais particulièrement sentie interpellée par le féminisme. Ce n’est pas que je ne prenais pas la situation des femmes au sérieux, au contraire, mais je croyais que ce plafond de verre que les générations avant moi avaient brisé ne me concernait tout simplement plus.

C’est pourquoi j’écoutais mes collègues discuter de leurs insécurités comme femmes professionnelles avec incompréhension. Plusieurs amies parlaient de femmes les ayant inspirées et un nom revenait souvent : Sheryl Sandberg. Auparavant, je n’associais ce nom qu’à Facebook mais, faisant face à ma propre curiosité vis-à-vis l’importance du sujet pour elles, j’ai finalement écouté son TedTalk. Le soir même, je commandais son livre, Lean in for Graduates.

Je n’avais tout simplement pas compris. Le plafond de verre que je croyais brisé était en fait bien plus près de moi que je ne l’aurais jamais cru. D’ailleurs, c’était moi qui le retenais à deux bras au-dessus de ma tête. Sans nier les obstacles externes au développement des femmes de carrière, Sheryl Sandberg met la lumière sur un problème beaucoup plus alarmant : les barrières que les femmes s’imposent elles-mêmes sans le savoir. Le livre traite de plusieurs points importants, mais j’aimerais en aborder trois qui, je le crois, touchent particulièrement les jeunes diplômées que nous serons bientôt.

L’auteure explique que le succès et le caractère sympathique d’un individu seraient positivement corrélatifs chez les hommes alors qu’ils seraient négativement corrélatifs chez les femmes. Selon elle et certains chercheurs, les qualités associées à un homme ayant réussi seraient perçues de façon favorable, notamment en ce qui concerne son leadership, alors que chez la femme plusieurs la jugeraient beaucoup plus sévèrement, allant jusqu’à la qualifier de « bossy ». En effet, nombreuses sont celles qui ont vu leur leadership être réprimandé socialement, notamment en étant associée à une « germaine ». Bien que d’apparence anodine, cette situation se répercute dangereusement à l’université puis sur le marché du travail, car les jeunes femmes ont appris à leurs dépens à camoufler leur instinct de leader afin d’être appréciées.Avril - Éliza - ADAUO

Un autre point soulevé par l’auteure m’a surprise. En effet, elle demande aux femmes de venir s’asseoir à la table lors de réunions. Comme gestionnaire, elle a souvent remarqué que les femmes avaient tendance à prendre place sur les chaises autour de la salle plutôt qu’à la table. Pourquoi ces femmes agissent-elles de la sorte ? Le syndrome de l’imposteur serait à blâmer. Bien connu des étudiants en droit, tous genres confondus, ce syndrome serait ancré plus profondément dans l’esprit des femmes. Il consiste à croire que nous sommes des imposteurs ou une fraude et que nous risquons d’être démasqués à tout moment. Invitées à participer à la rencontre au même titre que leurs collègues, ces femmes sont gênées de s’asseoir parmi eux, car elles ne se croient pas à la hauteur. Cette façon de faire impose une barrière dans le développement professionnel. Assoyez-vous à la table et participez.

Le dernier élément dont j’aimerais discuter peut paraître loin de notre réalité d’étudiante, mais il est au contraire très important. Sheryl Sandberg insiste sur l’importance de ne pas quitter le travail avant de partir. Cela pourrait sembler tout simple, mais plusieurs jeunes femmes en sont coupables. Cette problématique a été portée à l’attention de l’auteure lorsqu’une jeune diplômée est venue lui demander conseil sur sa carrière. Celle-ci tentait de prévoir quels chemins elle devait emprunter pour assurer son développement, car elle voulait planifier son congé de maternité. Un problème dans ce tableau : elle n’avait pas un projet de grossesse imminent. En fait, elle n’avait pas encore de copain ! Pourquoi alors se mettait-elle des bâtons dans les roues dès son entrée sur le marché du travail ? Ce type de raisonnement est exactement ce qui empêche les femmes d’accepter des promotions ou de tendre la main vers de nouvelles opportunités par peur d’en avoir trop sur les épaules. Il sera toujours temps de prévoir le tout lorsque la maternité sera un projet concret.

Ces trois points n’introduisent que trois comportements que nous avons le pouvoir de changer afin d’assurer le plein développement de notre potentiel au travail. Le livre présente plusieurs autres idées intéressantes et c’est pourquoi j’encourage sa lecture, qui n’est d’ailleurs pas exclusivement destinée aux femmes.

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